[daip] Fw: Petit argumentaire pour faire avancer le débat

Julien Marin julou at infographers.net
Mon Jun 9 04:02:25 EDT 2003


Message-Id: <20030609042254.305A5FCAC1 at mainframe.OpenK.org>
Date: Mon,  9 Jun 2003 00:22:54 -0400 (EDT)

Je me permet de vous faire suivre le message suivant, j'ai pensé que cela pourrais vous intéresser...

bonne lecture,

Julien.
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Un petit argumentaire pour vous proposer quelques faits, éléments 
d'information, et retour sur quelques idées reçues pour alimenter
le débat sur les réformes l'éducation et leur conséquences, et 
afin de faire au discours malheureusement unilatéral des médias.
(l'éducation est d'ailleurs loin d'être la seule touchée, 
comme on en donne trop souvent l'impression)

A lire a tête reposée, seul, en famille, ou avec vos amis...

Nous faisons appel à la solidarité des internautes pour faire 
suivre ce message à leur entourage, selon le principe de la chaîne
de mails (chaque personne qui reçoit ce message le renvoie par
mail aux personnes dont elle a l'adresse e-mail)

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Renégociation de l'A.G.C.S:
  AGCS signifie: Accord Général sur le Commerce des Services. Il 
  s'agit de l'accord fondateur de l'OMC(1994). Son but est 
  d'accroître la concurrence internationale, en luttant contre les 
  différentes frontières juridiques des pays membres. Une dizaine 
  d'années plus tard, il est en renégociation. S'il cela n'a pas 
  fait l'objet d'une médiatisation ou d'un débat publique, l'impact
  sur les sociétés des nouvelles conditions de l'accord sera 
  pourtant majeur: 

  -Cet accord, sans précédant, engage les pays signataires à ouvrir
   la totalité ou une partie de leurs marchés de services locaux à 
   la concurrence internationale dans les mêmes conditions 
   juridiques quel que soit le pays. 

  -Les secteurs ainsi ouverts à la concurrence ne seront plus régis 
   par les gouvernement élus des pays signataires, mais par l'OMC.
   L'ORD (Organe de Règlement des Différends) est chargée de passer
   au peigne fin les textes de loi des pays signataires afin de 
   vérifier s'ils sont en accord avec les exigences négociées dans 
   le cadre de l'OMC. Le cas échéant l'OMC pourra prendre les mesures
   adéquates vis à vis du pays fautif.
   La France pourrait par exemple être très vite obligée d'accepter
   les aliments à base d'OGM, la viande à base d'hormones, etc...

  -Les conditions devront être les mêmes entre le public et le
   privé. Par exemple pour chaque subvention de l'état accordée 
   au public, une subvention équivalente devra être accordée au
   privé.

  -Un des problèmes majeurs que pose cet accord est qu'il est 
   irréversible. Il engage - quels que seront les votes futurs 
   des citoyens - les gouvernements, et futurs gouvernements de 
   tous les pays signataires. Si jamais un pays souhaite retirer
   un, plusieurs, ou tous ses secteurs de cet accords, il devra 
   payer pour compenser le manque à gagner des entreprises...

  -Si dans le texte, l'AGCS n'ouvre pas à la concurrence les 
   services publics, il faut savoir qu'au sens l'OMC, ne sont 
   des services publics que les services fournis de façon 
   entièrement gratuite, et pour lesquels il n'existe pas de 
   concurrence. La plupart des services publics demandant à
   l'utilisateur une participation financière, ou étant en 
   concurrence avec des entreprises privées, seules les fonctions
   régaliennes (police, justice, armée) ne seraient considérées
   comme publiques selon les critères de l'OMC.
   Le 31 mars dernier s'est achevé la seconde des trois phases de 
   renégociation de l'AGCS. A ce stade les états devaient 
   communiquer à l'OMC la liste de tous les services qu'ils 
   souhaitent réengager dans l'AGCS.

  -L'éducation et la santé faisaient partie l'ancien AGCS, elles
   ne sont pour l'instant pas réengagées dans le nouvel AGCS. Par 
   contre, la définition même de l'éducation a changé. Ne sera 
   considéré comme éducation que le cours en lui même. Tout ce qui
   tourne autour (Encadrement, Entretien des bâtiments, restauration,
   aide à l'orientation, etc...) ne sera plus forcément considéré 
   comme de l'éducation et pourra être soumis aux conditions de 
   l'AGCS. Par exemple, dans le domaine de la santé, les lits 
   d'hôpitaux ne sont plus considérés comme faisant partie du secteur
   de la santé, mais sont considérés comme une prestation 
   d'hôtellerie et appartiennent au secteur "Loisir et tourisme".

  -C'est ce qui se passe avec la vague de décentralisation 
   que l'on connaît en ce moment. Si les professeurs ne perdent
   pas leur statut de fonctionnaire, toutes les personnes tournant
   autour (surveillants, agents d'entretient, conseillers 
   d'orientation, etc...) changent de statut, ce qui permettra
   éventuellement une ouverture de ce marché au secteur privé à 
   terme. 
   Reste à se demander si la vague de décentralisation précipitée
   que l'on connaît en ce moment est liée au passage du cap du 
   31 mars dans la renégociation de l'AGCS.

  L'AGCS concerne environ 140 pays. La dernière phase de 
  négociation, au delà de laquelle il ne sera plus possible
  de revenir en arrière, doit s'achever le 31 décembre 2004. 
  Nous vous invitons à vous informer plus en détails sur l'AGCS.
  Quelques sources, parmis d'autres: 
  http://france.attac.org/site/page.php?idpage=2301
  http://forums.transnationale.org/viewtopic.php?p=2520
  Vous pouvez aussi simplement lancer une recherche en tapant
  "AGCS" sur Google.


Décentralisation: 
  Les universités et leur personnel (IATOS), ainsi que Le personnel
  des établissement du primaire et du secondaire ne seront plus 
  payés par l'état mais par les régions. Il en sera de même pour
  les Conseillers d'orientation, les psychologues, les infirmières
  scolaires, les surveillants, et de façon générale de tous ceux et
  celles qui entourent les élèves... On peut craindre à terme des 
  disparités entre les régions selon l'intensité de leur activité 
  économique et leurs moyens. Le transfert de ces personnes aux 
  régions, pourra aussi faciliter une future privatisation.
  Si cette mesure permettra de tenir la promesse électorale de 
  baisse des impôts nationaux, les impôts locaux, beaucoup moins 
  égalitaires, augmenteront en contrepartie... Par exemple, dans 
  la région Midi-Pyrénées la décentralisation entraînera une hausse
  de 20 à 30% des impôts. 


Remise en cause de la maternelle pour les 2 à 3 ans: 
  Pour beaucoup d'enfants (quand les deux parents travaillent par 
  exemple), la maternelle leur permet d'être pris en charge dans
  des conditions égales. 


Professionnalisation des cursus:
  De manière générale de plus en plus de jeunes sont envoyés vers
  les filières professionnelles. Si elles offrent un choix 
  alternatif à ceux qui ne veulent pas suivre une formation 
  générale, la réalité montre que ce sont les jeunes ayant eu 
  des résultats insuffisants (souvent issus de milieux 
  défavorisés) qui y sont envoyés. 

  On parle de remettre en cause le collège unique. Cela signifie
  la possibilité d'être envoyé vers un cycle court des l'entrée 
  en sixième. N'est ce pas un peu tôt pour décider de l'avenir 
  d'un élève?

  Au lycée, le conseil d'administration pourra dorénavant être 
  présidé soit par un élu, soit par une personnalité extérieure 
  (membre de la chambre du commerce, chef d'entreprise...)
  Pour ce qui est des universités, elles sont fortement 
  encouragées à rechercher des financements à l'extérieur, en 
  mettant en place des partenariats avec les entreprises locales,
  en contrepartie de la mise en place de cursus adaptés à 
  celles-ci. Ainsi naquit la licence « management de rayon », 
  financée par Auchan, ou mieux, la licence « développement 
  durable », financée par Total-Fina
 
  A ce propos, il est important de revenir sur le préjugé qui 
  veut qu'une formation professionnelle donnerait plus de chances
  sur le marché du travail qu'une formation générale. Une étude 
  de l'INSEE a montré que pour une même filière, les chances de 
  trouver un emploi étaient les mêmes que l'on ai un diplôme 
  général ou professionnalisé.


Réduction et casse du statut des surveillants et aide éducateurs: 
  25600 postes (5600 MI/SE, ou pions, et 20000 aides éducateurs)
  seront remplacés par 16000 assistants d'éducations. Le poste 
  de « pion » était réservé aux étudiants, sur critères sociaux. 
  Leurs horaires étais établis en fonction de leur cours afin 
  qu'ils puissent suivre leur études. Le nouveau statut est 
  ouvert à tous, le texte mentionnant particulièrement les 
  jeunes retraités et les mères « au foyer ». Les horaires 
  pourront varier d'une semaine à l'autre ce qui exclue les 
  étudiant-e-s, qui ont des cours à suivre... 
  Les jeunes des lycées et collèges seront donc entourés par des
  personnes moins nombreuses et moins jeunes.


Autonomie des universités:
  Elles disposeront dorénavant d'un budget global, que le 
  président devra gérer et répartir entre paye des personnels,
  locaux, matériel, etc... Il est ainsi mis dans la position d'un 
  responsable d'entreprise publique. Le président ne sera 
  d'ailleurs plus obligatoirement un professeur appartenant à 
  l'université, mais pourra être une tierce personne, choisie 
  pour ses qualités de gestionnaire. 
  Un « conseil d'orientation stratégique », composé de personnes
  issues du milieu économique local, influera sur le conseil 
  d'administration, aura un droit de regard sur le président et 
  émettra son avis lors de son élection. 
  (voir: Professionnalisation des cursus)


Encouragement des universités à augmenter leur frais 
d'inscription: 
  "Il faut sans doute réfléchir à une responsabilisation des 
  étudiants à travers un lien financier plus fort avec leurs 
  établissements" (B. Belloc, président de la Conférence des 
  Présidents d'Université, 19/04/2001). En Europe, il faut 
  compter en moyenne 1200 euros par an pour aller à l'université.
  En France, un IUP pilote demande 4000 euro par an.


Désengagement financier de l'état:
  Le budget de l'enseignement supérieur 2004 annonce une baisse 
  de 158M d'euros. Un certain nombre d'universités sont déjà bien
  en deçà des conditions de fonctionnement (nombre de profs en 
  dessous du quota minimal, cessation de paiement, obligation de 
  suspension des activités pédagogiques pendant quelques semaines 
  faute de moyens...). Le budget de la recherche publique, quand à 
  lui, baissera de 30%. 


Depuis quelques temps la conception même qu'on nous donne du but
de l'enseignement change:
D'une instance assurant gratuitement la transmission des savoirs 
au plus grand nombre, on introduit peu à peu l'idée d'une école 
et d'un savoir qui doivent être rentables. De même, 
l'utilisation dans le milieu pédagogique depuis une dizaine 
d'année du mot « compétence » à la place du mot « savoir » n'est
pas innocente. Quelle place aura l'esprit critique dans une 
éducation « rentable »? Que fera un tel système éducatif des 
enfants en difficulté?
Récemment, notre ministre Luc Ferry a remis en cause dans sa 
« lettre à tous ceux qui aiment l'école » le principe de 
« l'élève au coeur du système », pour retourner vers un système 
où le savoir serait au centre, et où l'élève aurait à s'adapter 
au système au lieu que le système s'adapte à lui. (la sociologie
a démontré que la facilité qu'a un élève de s'adapter au système
scolaire dépend fortement de son milieu social d'origine)

L'école n'est pas la seule à être touchée par ce mouvement de 
rentabilisation et de privatisation. On peut citer entre autres,
d'autres biens communs tels que la santé, l'énergie, les 
transports, la poste, la sécurité sociale... et, bien sûr, les 
retraites. Certes, beaucoup de choses sont à changer mais 
d'autres alternatives sont possibles.

Face à l'importance de ces réformes et à la manipulation exercée
par les médias, nous vous invitons, quelque soit votre opinion à
vous tenir informés, à en discuter avec votre entourage, à faire 
suivre ce mail à un maximum de personnes, et, si vous le souhaitez,
à participer aux différentes manifestations et actions organisées 
dans votre ville. C'est un véritable choix de société qui se pose
à nous aujourd'hui. L'enjeu est énorme, et une mobilisation 
massive est nécessaire si l'on ne veut pas d'une société où seuls
ceux qui en auront les moyens pourront suivre.






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